J’ai l’espace d’une feuille pour refaire le monde, virevolter sur les lignes, m’y attarder, exaucer mille vœux. J’ai l’espace de cette page pour goûter le temps qui s’étire, entendre un filet de musique, un brin de conversation, regarder mes ouailles écrire et ne pas penser à hier, ne pas penser à demain.
Une feuille douce sous mon poignet… une écriture parfois facile, rapide… à d’autres moments lente, timide, craintive…
1604b
Parfois, je ne lis pas mes mots comme un texte mais les regarde comme une peinture.
Et lorsque la source se tarit, j’écris que je ne sais pas, que je ne sais plus, je continue pour la simple joie de marier des lettres entre elles, de dessiner des boucles, de faire ce geste magique d’écrire. Je n’ai rien à prouver. Je veux juste me donner ce temps pour moi comme une inspiration, comme une expiration, comme un pas chassé, une grimace, un fou rire. Je veux juste sentir, ressentir et ne pas être prisonnière de ce qui a été  et de ce qui pourrait advenir. Et chaque jour, mon journal se donne tout entier à cette rencontre. Il écoute mes colères, mes chagrins, mes espoirs, mes réflexions. Il me libère de tout ce qui pourrait peser sur mes heures et mon sommeil. J’ai pris l’espace d’une feuille, juste pour me recueillir et me poser. Et c’est bon !
Vendredi 21 octobre … en direct de l’atelier à la Librairie Thuard