Ce qu’écrivent les hommes
Cédric a été étonné lorsque je lui ai demandé de témoigner sur sa présence en atelier, sur son plaisir d’écrire en tant qu’homme. Il ne voyait pas ce que le genre avait avoir là-dedans. Moi non plus d’ailleurs. Mais au quotidien, ce sont surtout les femmes qui fréquentent l’atelier et cette question « Qu’est-ce qui motive un homme à venir écrire en atelier ? Et pas chez lui…
 
Je suis un homme et j'écris.

Ben alors tu as l'air surpris?

Je pense qu'il faut être viril pour poser ses mots.

Même si je l'avoue  je travaille aussi mes biscoteaux.

Poser ses pensées sur du papier peut faire transpirer autant que de cumuler des foulées.

Depuis quand, le genre pose question pour prendre un stylo?

Comme Victor Hugo j'accuse cette situation.

J'écris ma vie, la vie, et plus je le fais et plus j'ai envie.

Je me moque du ridicule, les rimes je les accumule.

Tant pis si je ne suis pas légitime ma plume je l'abîme.

Et si pour toi je suis nul, alors reste au vestibule.

Dans la salon je m'amuse avec les lettres.

J'y laisse paraître mes idées, mes fragilités

Désormais je ne vais plus m'arrêter.

Comme la seiche j'ai de l'encre,

C'est ma revanche sur ceux qui me disait cancre.

Ce ne sont rarement des textes en or.

Je ne suis pas un maître,  c'est bien plus difficile que de courir un cent mètres.

L'essentiel est d'écrire pour s'épanouir .

Je suis un homme et j'écris. Et alors ?
Pourquoi je vais aux ateliers d’écriture ?
 
Ce n’est pas venu d’un coup en allumant la lumière.
Je pense que cela débute par les chansons.
J’ai eu la chance de connaître le début du hip-hop.
J’ai de suite accroché sur les textes, les jeux de mots les idées……
J’ai commencé à écrire dans un premier temps et longtemps pour les textes d’anniversaires ,amis , famille.
Puis un jour le déclic, je ne vais pas dire que c’était mieux avant,  dans le rap actuel, le niveau d’écriture parfois est navrant.
Je me suis dit que je ne pouvais pas faire pire.
J’ai commencé par le slam, deux soirées seulement. Après ce fut le covid.
Le slam n’a pas repris, j’ai dû trouver un autre moyen pour partager mon écriture.
Car en fait c’est le partage qui est intéressant.
A l’utl j’ai vu qu’il y avait un atelier écriture.
Au départ je pensais que c’était pour apprendre à écrire, ce qui n’est pas le cas.
En fait on se retrouve avec des propositions et à nous de savoir y répondre.
Je me suis pris au jeu. Relever un défi: j’aime bien!
Des fois c’est plus ou moins réussi forcément, mais toujours gratifiant.
Il y a une bienveillance dans les cours.
C’est incroyable qu’à partir d’une proposition, on puisse se retrouver avec des textes différents,  de styles, d’humours …
Comme  genre de proposition, on peut avoir  par exemple à partir d’une photo, écrire un texte.
En moyenne on a une vingtaine de minutes pour le faire.
Ou une liste de mots , et écrire un texte avec tous les mots de la liste.
C’est une gymnastique du cerveau, intéressante.
On peut se poser la question : pourquoi écrire?
Et pourquoi courir ou faire du sport?
Je fais les deux, tout simplement parce qu’après je me sens bien.
L’atelier écriture c’est un exploit individuel avec un esprit d’équipe, tous dans le même bateau.
On apprécie les mots de chaque texte et aucun  n’est à jeter à l’eau.
 
Cédric au rebond